24 novembre 1935 : le Clasico... le plus disproportionné (0-5)

Jean Capelle est le troisième, debout, en partant de la gaiuche. Robert Petit est, lui, à gauche du gardien.

C’est l’entre-deux Guerres, en pleine montée des extrêmesAu plus fort de la Collaboration, Léon Degrelle tient meeting rexiste au Cirque Royal, la Reine Astrid succombe en Suisse à un crash en voiture. Le cycliste Jean Aerts (et futur pilote de Luc Varenne à moto sur les routes du Tour de France…) devient Champion du Monde à Floreffe… et la célèbre abeille pointe son museau pour l’ouverture de Meli Park.

Mais la planète foot a fort à faire en ce 24 novembre : l’Union Belge a programmé… pour la même heure le choc au sommet Union-Daring et le futur Clasico naissant : Eleven Sports et Nils Van Branteghem, le manager actuel du calendrier, ne sont pas encore nés pour nous concocter un week-end de foot tout plein de match isolés…

Il y a pourtant foule au Parc Communal d’Anderlecht " rapporte Alban Colfils (!), l’envoyé spécial du journal Les Sports, pour ce duel mauve-rouche… qui tournera à la confusion totale des visités. Il faut dire que le Sporting vient de remonter en Première Division (qu’il ne quittera plus jamais) … et que le Standard exhibe, de stade en stade, son attaque-mitraillette.

Vaillant frisé…

La première gâchette se nomme Jean Capelle, meilleur buteur rouche de tous les temps, du haut de ses 245 buts en 285 matches. À lui seul, le puncheur endosse cet après-midi-là quatre des cinq goals visiteurs, synonyme de score de forfait. Même le journaliste des Sports semblait distrait : Alban Colfils n’a vu… que 3 des buts de Capelle, qui lui " apparaît moins précis que de coutume, même s’il manifeste bien du mordant ". Le cinquième but liégeois est l’œuvre d’Edgar Balthazar, que le reporter qualifie de " vaillant frisé " (sic !).

Jean Capelle stoppera sa carrière à 26 ans, freiné par la Guerre de 40-46, et deviendra un renommé avocat. Notamment… pour un autre buteur roucheRoger Claessen, qu’il sortira plusieurs fois du gnouf, après des frasques bien à lui. Orateur convaincu, Jean Capelle donnait des conférences où on l’interrogeait sur sa carrière : " Le football n’est rien d’autre qu’un jeu. Et quand vous jouez, vous avez généralement un gagnant et un perdant. Mais tout comme le profit ne peut conduire à l’arrogance, la perte ne doit pas engendrer le désespoir. "

Face aux arrières, Capelle employait moins d’apostrophes et guillemets. En fin de saison, il échouera pourtant, avec ses 29 buts, à 8 longueurs du pichichi officiel, un certain Florent Lambrechts (Antwerp), retombé dans les limbes de l’Histoire.

Au Standard, en 1935, le secret résidait dans l'échauffement...

Au Standard, en 1935, le secret résidait dans l'échauffement... © Tous droits réservés

Petit versus Vanden Stock… déjà

Dans la compo du Standard, ce jour-là, on retrouve aussi les frères Roger et Jean Petit. Le premier deviendra le patron du grand Standard des années 60-70 tandis que son aîné, médecin de formation, périra dans un bombardement allié… la veille du Débarquement, en rendant visite à ses patients. Ce Clasico labellisé 1935 aurait pu opposer deux futurs grands ennemis du pouvoir footballistique belge : Roger Petit, pourfendeur de ce qu’il nommera " l’anderlechtisation du football belge " était fit and well, au contraire de Constant Vanden Stock, taulier des Mauves mais absent pour blessure (comme souvent durant sa carrière de joueur). La gueuze et une carrière de dirigeant lui souriront davantage…

Roger Petit dans le costume de dirigeant

Malgré le score, le journaliste loue le courage d’Anderlecht, dont la défaite est attribuée pour une grand part à " l’arbitrage très faible de Mr Turfkruyer, un referee ayant une conception très particulière des règles du hors-jeu. " Car le Sporting est qualifié d’" onze sympathique, méritant un meilleur classement, mais alignant trop de joueurs au modèle réduit (sic) et coupables de nombreuses combinaisons piteusement terminées ". Comme en 2020, le Sporting 1935 semble manquer de qualités athlétiques au milieu et d’un tueur devant…

Constant Vanden Stock avec Raymond Goethals

Constant Vanden Stock avec Raymond Goethals © Tous droits réservés

Jeu au pied…

Selon le brave Alban Colfils toujours, la tradition des grands gardiens de Sclessin n’est pas encore en vue : au portier liégeois Bergmans, le journaliste recommande " de surveiller le blocage du ballon et d’intervenir moins fréquemment du pied " (sic). Les pseudo-experts créchaient donc déjà en tribune de presse...

En fin de saison, le Standard (seul club wallon de l’élite entre 4 Bruxellois, 3 Anversois, 2 Brugeois, 2 Malinois et 2 Lierrois…) finira deuxième derrière le Daring, dont le titre met fin à la longue hégémonie de l’Union Saint-Gilloise. Laquelle ne gagnera plus jamais le moindre trophée. Sauf de la zwanze, bien sûr...

Episode1 :

 

Dimanche, le Clasico mugira. Dans un Parc Astrid vide. Et en version de phase classique qui fait que rien n'est jamais décisif, ni définitif.

Il n’empêche, le Clasico est de retour en cette année Covid. Pour la 218e fois. Une Histoire entamée il y a… 101 années. Et parsemée de quelques croustillants épisodes. 

Le crash Wasyl-Witsel, le tacle " gobelet de bière " façon Sa Pinto, c’est de l’archi-connu. On vous conte ici, jour après jour et jusqu’à dimanche, les Clasico… de l’anecdote joués à Bruxelles.

2 avril 1922 : le Clasico le moins… bruyant (0-2)

Le Standard promu de 1922

Le Standard promu de 1922 © Tous droits réservés

Le huis clos n’a pas attendu le Covid-19 pour s’inviter dans un Clasico. Clin d’œil de l’Histoire, Anderlecht est aussi privé de spectateurs pour ce 6e duel de l’Histoire entre Mauves et Rouches, le tout premier au Parc en Division 1. Car les deux clubs ne sont pas encore les deux géants qu’ils deviendront : ils viennent tous deux de grimper de Promotion, le terme à l’époque pour le 2e échelon. Depuis ce jour, le Standard n’a d’ailleurs plus jamais fait la culbute. 

Le 12 mars précédent, 3 semaines plus tôt, l’arbitre du match Anderlecht-Racing Bruxelles (1-2) s’est fait agresser par des fans mauves mécontents du revers… qui lui ouvrent le menton. En chapeau boule et à moustache, mais les hooligans existent déjà. 

Huis clos comme sanction : le Stade Emile Versé sonne donc creux ce jour-là. Le Standard s’impose 0-2, sur deux buts du même Jean Dupont – avec T, et sans chapeau boule ni moustache. 

Le bisou wallon 

Le journaliste de La Vie Sportive s’extasie sur le potentiel du Standard : " La conception du jeu est bonne, les hommes sont adroits et très habiles, un jeu de petites passes courtes " tandis qu’Anderlecht applique " le cup game " (sic), vitesse, profondeur et percussion. Les ADN ont bien changé… Sûr de son coup, le Standard avait même entamé le match… à 10 joueurs, le dénommé Petit ne montant qu’après 20 minutes ! Sans doute le sbire avait-il loupé son tramway ou oublié de remonter sa montre de gousset… 

Le tournant du match ? Un penalty sifflé contre le Standard... mais stoppé par le gardien Paty, qualifié de " sosie de Jean Debie (NDLA : le gardien des Diables de l’époque) comme témérité. " Suite à ce safe, les deux backs Pirlot et Magnée embrassent leur portier : " Je trouve ce geste, qui a choqué certains spectateurs aux Olympiades (NDLA : référence aux JO d’Anvers, deux ans plus tôt), très beau dans sa spontanéité " analyse le chroniqueur. La naissance du fameux bisou wallon ? 

Conseils de compétences… 

Mais surtout, le journaliste pointe l’ambiance très spéciale du jour : " Un calme presque religieux, des coups sourds dans le ballon, quelques rares cris, pas de supporters bruyants… et impartiaux, pas de conseils des compétences (sic), rien que du calme… " Et sur le terrain, un match exemplaire, des joueurs au garde à vous, une seule faute sifflée en première période. " Doit-on en déduire que c’est l’absence de public qui influa si agréablement le moral des joueurs ? " interroge le scribouillard, qui se fait militant : " Je propose qu’à l’avenir tous les matches de première division se jouent à bureaux fermés. " (sic) 

L’arbitrage de Mr Barette recevra même la cote maximale : " L’arbitre semblait ahuri de ne pas s’entendre ‘félicité’ par les spectateurs " ajoute l’article. Comme quoi, tout était bien en place : le referee était déjà le pestiféré.   

piston et poules ! 

Cerise sur le gâteau, le compte rendu relate un envahissement de terrain très singulier à la pause : " Spectacle bucolique, des poules, oui Monsieur, des poules ! vinrent picorer sur le terrain, sous l’œil des agents de police, qui ne savaient s’ils devaient intervenir… " 

Des spectateurs sont juchés sur les toits avoisinants : l’un d’eux joue… du piston " et, ma foi, très bien, détaillant de ses notes claires le chant favori des Mauves et Blanc " précise encore l’expert ! 

Le Standard terminera 5e (sur 14) cette saison-là, et Anderlecht 12e, évitant d’un point la redescente. Le Beerschot devient le premier club anversois champion de Belgique, après le test-match gagné contre l’Union St-Gilloise (2-0). 

15 novembre 1998 : le Clasico le plus… catenaccio (0-1)

Pär Zetterberg perdu dans l'étau rouche

Pär Zetterberg perdu dans l'étau rouche © Tous droits réservés

C’est Fête de la Dynastie ce jour-là, pour les 5 ans du règne d’Albert II. Mais le roi du Parc se nomme Mbo. Et surtout Tomislav… 

Anderlecht est en pleine diète, l’affaire de Nottingham a éclaté quelques mois plus tôt : le " million de Constant " est apparu au grand jour, des maîtres chanteurs glauques à catogan de hardeur arpentent les classieux salons mauves. Arie Haan a fait long feu : le coach local, plus féru de sorties bruxelloises que de tableau noir au vestiaire, a pris la porte après un début de saison cata. Le duo Jean Dockx-Frank Vercauteren a repris les rênes, mais le régime est lent à décanter. 

En face se dresse une horde de morts-la-faim en culotte rouche, menés par un vieux Croate… qui n’a rien oublié : 15 ans plus tôt, Tom Ivic, l’inventeur du foot total à l’anderlechtoise au début des Eighties, s’était fait jeter du Parc Astrid après une claque rouche signée… Raymond Goethals (1-4). 

Bouffer du kilomètre 

Le stratège croate va saliver : toute la rencontre, le Sporting se casse les sabots sur du béton des Balkans, rejointoyé de ciment rouche. Les semaines précédentes, le Standard a enchaîné trois succès sur score arsenal : il ajoutera un quatrième 1-0 à sa récolte automnale. 

Ivic a donc ressorti sa garde noire Rabiu Afolabi-George Blay, assortie du sniper Josko Bilic, le tout régenté par Dirk Medved. Et au milieu, une cohorte de marathoniens nommés Didier Ernst, Bernd Thijs, Gauthier Remacle… et Dimitri De Condé, qui bouffe du kilomètre sans penser encore à ses futurs transferts genkois. Une formation liégeoise " dont les courtisans se nomment jeu sans faux col, organisation rigoureuse et réalisme à outrance " résume La Dernière Heure-Les Sports.

Sacré centre… défensif 

Le seul but du match tombera à l’heure de jeu, du pied de Mbo Mpenza, tout juste monté sur le pitch et servi par un centre… " défensif " (sic), en contre, de Remacle. Comme son frangin Emile, absent ce jour-là, Mbo preste sa seconde saison sous casaque liégeoise. Il épousera la… mauve six ans plus tard, après des détours par le Portugal et la Turquie. 

Le Standard n’avait plus gagné… depuis 11 ans à Bruxelles et digérait mal une série de 25 (!) duels sans victoire (dont 19 succès mauves) face au grand rival de Bruxelles. " Ivic tue-t-il le football ? " interroge La DH en épilogue. En fin de saison, les Liégeois finiront pourtant cinquièmes, loupant le train européen… 

Terminant en boulet de canon, Anderlecht sera troisième final (derrière le champion Genk) en ayant pris soin... de régler son ardoise rouche au retour, transformant Sclessin en aire de tennis (0-6). Ce 15 novembre, la compo mauve renseignait un entrejeu Staelens-Zetterberg-Scifo-Baseggio-Goor, n'en jetez plus… Et préfigurait, avec les De Wilde, Crasson, Dheedene et Radzinski, l’armada de Champions League, deux ans plus tard.

Avec, en bonus-track, un Jan Koller, sacré cette saison-là meilleur buteur de D1, sous la penne de Daknam. Où ne sévissent plus aujourd'hui que des U21 de Bruges et l'un ou l'autre merle en mal de semence...

Episode 2 :

 

11 novembre 1945 : le Classico de l’Armistice… (6-2)

Jef Mermans aka le Bombardier

Jef Mermans aka le Bombardier © Tous droits réservés

En ce jour de commémoration de l’Armistice (14-18 et, par analogie, 40-45) et d’hommage aux martyrs des combats, que font donc les footeux ? Ils se paient une tranche de Clasico ! Peu respectueux des célébrations, Anderlecht sort les canons et enfile 6 perles au collier des pauvres Liégeois. Car en tête d’armada mauve trône un Bombardier : titulaire du sobriquet pour sa frappe de mule et sa tête chercheuse de but adverse, Jef Mermans assure 2 des 6 buts de ce tout premier duel fratricide de l’après-Guerre.

Précision : guerre ou pas guerre, le championnat s’est poursuivi durant l’Occupation, à l’exception des saisons 39-40 et 44-45 ! Mais un championnat en forme de divisions régionales, car les clubs sont décimés par les réquisitions au combat de certains de leurs joueurs ainsi que par les difficultés à se déplacer, vu la présence allemande et la destruction de nombreuses voies ferrées et routières. Le football sert donc de distraction, un peu comme si la Pro-League en version 100% télé faisait office de dérivatif en période de pandémie imposant des huis clos. Pure spéculation bien sûr…

Après la fin des conflits, la Fédération décidera d’ailleurs d’invalider les relégations de clubs durant les trois " championnats de guerre "… tout en acceptant les clubs promus. Du coup, il y a foule au guichet de la D1 en 1945-46 : 19 clubs, le plus long championnat à ce jour, avec 342 matches !

Jef Mermans aka le Bombardier

La faute au terrain gras

Pourtant vainqueur de 2 de ses 3 visites au Stade Emile Versé durant l’Occupation, le Standard paie donc la note à la Libération. Dans Les Sports, ancêtre de La Dernière Heure, la raison de ce 6-2 bien tripoté est triple pour le chroniqueur : le terrain gras " surtout au centre, avantageant les halves et intérieurs à dribbles court et pratiquant le short-passing " (sic), le mauvais placement tactique des " demis d’aile " (re-sic) liégeois et la vitesse d’exécution des Anderlechtois " pratiquant un agréable jeu de feintes " (re-re-sic).

Aurochs local, Jef Mermans est très remonté dès qu’il distingue une étoffe rouche : de 1943 à 1947, il butera 8 pions dans le panier liégeois lors de 5 Clasico consécutifs. Il rentrera même un total perso, sur sa carrière, de 15 giclettes face aux Rouches – notamment un quadruplé lors du 6-1 de 1952).

Fin 1945-46, Anderlecht ne terminera que 3e, Malines étant sacré premier Champion de Belgique d’après-guerre : le Standard, lui, finira modeste 12e – les grands combats sont pour les années 60… Aux buteurs, Mermans (32 pions) sera même devancé par le Malinois Bert De Cleyn et un certain Arsène Vaillant, futur équipier de Mermans au Parc… et futur préposé aux micros.

Jef Mermans aka le Bombardier

Sacrée fanfare

Mais le Bombardier mauve aurait très bien pu… ne jamais l’être. Pour son tout premier entrainement sous les couleurs mauves, l’Anversois Mermans se vit refuser l’entrée au vestiaire par des sbires du club ignorant sa bobine : " Tu viens de Tubantia Borgerhout ? Retournes-y, à ta fanfare : ici, on joue au foot, pas de la trompette ! " Mermans le raconte lui-même dans sa biographie : " Sans l’arrivée du coach Cassis Adams, je n’entrais jamais dans ce vestiaire ! " Véritable chat noir à ses débuts, Mermans infligea même à ses couleurs une… défaite par forfait : non-affilié pour son premier match, il monta quand même au jeu face à Gand et frappa 3 fois (6-1… reconverti en 0-5). 

Arrivé au Parc pour… 125.000 Francs (3.000 euros !), l’Anversois Mermans fut courtisé par Arsenal, Torino et le Real Madrid. L’AS Roma proposa même 30 millions de Lires, une Alfa Roméo… et un appartement 7 chambres, mais rien n’y fit : le Président mauve Albert Roosens refusa. Et Jef Mermans (2e meilleur buteur belge de tous les temps, 367 buts en mauve, 60 de plus que Paul Van Himst…) finit fonctionnaire communal à Merksem. Où le stade porte son nom. Sans fanfare, ni trompettes.

24 août 1977 : le Classico... de la Rhéto (3-1)

Michel Preud'homme à 18 ans...

Michel Preud'homme à 18 ans... © Tous droits réservés

Un bon vieux cursus en option Latin-Sciences à l’Athénée de Seraing, rien de tel pour percer dans les bois rouches. À l’heure où la plupart des écoliers profitent de leur fin de vacances d’été, le jeune Michel Preud’homme crache dans ses gants : à 18 ans et demi, le fraîchement diplômé de Rhéto chausse ses premières talonnettes de titulaire au parc Astrid. La semaine précédente contre Boom, le 3e gardien de Sclessin a relayé en fin de match le poissard Jean-Pol Crucifix, victime d’un " trou dans l’oreille " (terme de jargon pour la commotion cérébrale). Crucifix avait perdu le sien : éternelle doublure de Christian Piot, il venait de recevoir sa chance après une blessure du pieux Piot.

La boucle rebelle et le regard doux " : c’est ainsi que le futur MPH émerge des papiers de l’époque, qui esquissent le portrait d’une talent naissant… et très déterminé. " À notre époque, un garçon de 18 ans et demi est aussi aguerri qu’un de 25 il y a une dizaine d’années " commente son coach de l’époque, un certain Robert Waseige… qui se brouillera 25 ans plus tard avec son ex-poulain, devenu entre-temps son Directeur Sportif à Sclessin.

Plus tard ", Preud’homme veut faire véto : il kiffe les animaux, il sera vétérinaire. Mais palper les mouches avant les attaquants d’en face, Michmiche prend itou. Le parc Astrid sera donc son grand soir. Mais cette fois sans tunique noire : depuis ses classes d’âge, le jeune portier joue toujours en noir. Comme Jean Nicolay. Comme Piot. Ses idoles.

MPH comme Wilmots dix ans plus tard...

" Nerfs d’acier "

C’est l’Anderlecht des grandes soirées européennes, qui va faire sienne la Coupe des Vainqueurs de Coupes (West Ham et Austria Vienne) et la Super Coupe d’Europe (Bayern Munich et Liverpool). Une équipe qui, à l’image de Robbie Rensenbrink préfère le port du smoking pour bals continentaux à celui de la salopette pour joutes de bourrins en Gaule profonde. Mais un Clasico reste hors-norme : de 1972 à 1978, les Mauves alignent 8 succès de suite sur le rival rouche… et le futur MPH n’y changera rien ce soir-là.

Outre ses grandes qualités, ce garçon jouit de nerfs d’acier " explique de la tribune Christian Piot, venu en soutien du jeune Preud’homme… qui ne lui rendra jamais sa place. Les témoins du baptême sont nombreux : 38.000 spectateurs s’entassent au Stade Emile Versé… qui peut encore accueillir les supporters debout. Embouteillages aux guichets : le coup d’envoi est retardé car des fans doivent accéder à leur place via la ligne de touche. Impossible pour le juge de ligne d’officier : même le Président Constant Vanden Stock, coiffé de son éternel feutre, vient assister les services d’ordre pour écouler le public.

MPH sortira une tête piquée de Peter Ressel et verra un péno de Johnny Dusbaba renvoyé par sa latte. Mais il ne pourra rien sur les 3 roses mauves : Benny Nielsen sort une volée Danish DynamiteArie Haan remporte de la tête son duel sur Philippe Garot (qui, à 71 ans aujourd’hui, tâte toujours du cuir au Condroz !) avant que Swatje Vander Elst n’enfile une ultime perle bruxelloise sur une action personnelle où il mouche 3 défenseurs visiteurs. Alfred Riedl, la moustache autrichienne disparue il y a quelques mois, sauvera l’honneur principautaire.

Anderlecht-Standard (2/5) : un Bombardier, une trompette… et un rhétoricien

Tout dépensé en bijoux...

Le début d’un fameux parcours : MPH ne quittera plus le but rouche, accélérant les adieux de Piot. Et accordera ses premières interviews devant l’Athénée de Seraing, juste en face du bistrot tenu par un ancien arrière liégeois, Marinko Rupcic. On ignore s’il s’agissait des premiers symptômes de la future (et légendaire) superstition de l’oiseau d’Ougrée.

Les 32.000 francs (800 euros…) de son premier salaire, l’impétrant les dépense… en bijoux. Mais pour les deux premières femmes de sa vie : un médaillon en or pour sa grand-mère, une bague sertie de diamants pour sa maman. C’était sa promesse faite depuis toujours.

En fin de saison, les deux rivaux termineront dans un mouchoir de poche, dans la foulée du Club Brugeois, champion pour la 3e fois de suite… et battu par le seul Kenny Dalglish (Liverpool) en finale de la Coupe des Champions à Wembley. Et la D2 révèlera un promu qui coécrira une page noire de l’Histoire du Standard quelques saison plus tard : Waterschei…